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Jclg88-Marketing

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27 juillet 2005

"Le principe de segmentation marketing a-t-il encore un sens ?"

Le Journal du Management - - (27/07/2005)

Denis Failly (consultant marketing)

"Le principe de segmentation marketing a-t-il encore un sens ?"

Du macroscosme au "mésocosme" client
A l’instar de la physique qui par changement d’échelle ajuste sa focale, du regard "macro" (le macroscope, le visible) au "micro" (l’invisible, au cœur du noyau atomique) la segmentation marketing suit un processus métaphoriquement comparable. Il s’agit de découper son marché, sa population de client pour descendre du global au local.

Le graal, la particule élémentaire du marketeur serait de pouvoir décortiquer chaque individu-client (profil, actions, intentions…) pour agir en réel mode
one to one. Devant l’impossibilité matérielle et financièrement non rentable d’une telle démarche, sur des volumes de plus en plus énormes de clients, la limite plancher d’agrégation est bien souvent le segment (niveau intermédiaire "méso" qui serait à l’image du regard au niveau moléculaire du scientifique).

Identifiable, manipulable, exploitable (nécessité d’un minimum d’individus par segments) la segmentation permet ainsi de créer des répartitions, des groupes d’individus de telle manière que les unités au sein d’un même groupe soient les plus semblables (homogénéité intra) entre elles et les plus dissemblables d’un groupe à l’autre (hétérogénéité inter). A partir de ce principe de base, moult méthodes intégrées dans des applications CRM et datamining permettent via la statistique classique ou des algorithmes plus avancés (application CRM et datamining…) de "partitionner" ses clients.

Divisez sans relier n’est pas connaître
La pratique de la segmentation nous rappelle étrangement un des principes de la rhétorique cartésienne pour laquelle l’analyse (1) consiste à découper l’objet d’étude en autant de parties élémentaires séparées les unes des autres pour avoir connaissance du tout. On constate déjà dans ce principe la volonté de disjoindre et de cloisonner (non transversalité).

En analyse de base de données, le marketing fait donc appel pour décider et agir à des méthodes de découpage, de compartimentation issues de sciences "académiques" dites exactes. On peut donc s’interroger à l’heure d’une rhétorique marketing qui se prétend hautement relationnelle, sur la légitimité d’un quantitativisme qui, utilisé à l’excès, réduirait de fait le "sujet-client" à un seul objet de dénombrement. Ce réductionnisme ampute naturellement la connaissance du client dans sa constitution multidimensionnelle, sa définition complexe et psychosociologique.

Un marketing en recomposition
Ce constat est d’ailleurs à rapprocher des pratiques alternatives du marketing (street marketing, marketing expérientiel, intermédiation C to C…) qui est à la mesure de l’insensibilisation croissante des clients et notamment des plus jeunes aux "mécaniques" classiques de marketing et de communication. Ce "néo" marketing à visage humain (H to H : human to human) en émergence devient "in vivo" en se recentrant sur la vie réelle, le mouvement, l’affect, l’émotion, le sens.

L’assise scientifique d’une connaissance
D’Aristote à Auguste Comte en passant par Descartes nous gardons ancré en nous l’héritage (formatage ?) des critères de la scientificité d’une connaissance : - Hypothèse ontologique : les phénomènes connaissables ont une réalité extérieure à l’observateur
- Hypothèse déterministe : principe de causalité et invariance des lois auxquels sont assujettis les phénomènes
- Réductionnisme : diviser en autant de parties qu’il se peut
- Principe de raison suffisante (logique déductive) : exemple du syllogisme qui fonde une conclusion sur deux propositions posées comme vraies (tous les hommes sont mortels, or Socrate est un homme, donc Socrate est mortel).

Ces oukases de la scientificité ne sont plus gravés dans le marbre, au vu de l’évolution de certaines sciences (physique quantique, sciences du chaos et des systèmes non linéaires et complexes…). Mais les sciences dites de gestion, par nécessité d’être reconnues dans l’arbre "reconnaissant" des connaissances officielles et certainement non contente d’être qualifiées stupidement de sciences molles, ont adopté, emprunté des méthodologies scientifiques (la cybernétique étant aussi passée par là).

Naturellement les sciences de gestion ont contaminé l‘ensemble des disciplines s’y rattachant avec des méthodes aux fondements scientifiques (mathématiques de la décision, statistiques, recherche opérationnelles, modèles d’optimisation…). Le marketing, "inter ou trans-discipline" par excellence, n’avait donc aucune raison d’être épargné par "cet emprunt scientifique" tant et si bien que le client a été intégré progressivement comme objet de connaissance.

Ainsi donc aujourd’hui ce même client enregistré en base ou en entrepôt de données est traité par les "CRMistes" comme une ontologie c’est à dire, un objet de la nature, une donnée "a priori", extérieure à son observateur. Cette perspective reviendrait donc à dire que le client existerait indépendamment de la représentation que nous en avons et surtout indépendamment de l’observateur (marketer, analyste de données)

De la segmentation à la défragmentation
Le regard sociologique (post ou hypermoderne) s’attache moins à l’individu (in-divisible) comme singularité, qu’à la personne (
2) multi-appartenante à des communautés, des "galaxies" virtuelles ou réelles, des "micro-sociétés" liquides, instables, mouvantes. La nouvelle logique de groupement serait donc inversée, moins réductrice que la segmentation puisqu'il s’agirait de recomposer, de "relier" au lieu de "délier". Bref une vision plus de l’ordre du "champs" (au sens de la physique), du "maillage clients" éphémère, flou et souple, voir même de l’Attracteur étrange (cf. théorie du chaos). Cette vision ne ferait plus du client un simple objet clos du "connaître", mais un vrai projet de connaissance ouverte.

Parcours

Denis Failly est un consultant indépendant spécialisé dans le marketing, les études et la veille. De 1998 à 2002, Denis Failly était responsable études et bases de données chez Caramail/Lycos. Auparavant il a été consultant chez Tableau de Bord, chargé d'études planning stratégique chez PBE Consulting et chef de publicité chez Oror. Denis Failly a 37 ans.

(1) : du grec analusis = décomposition, la lyse en biochimie = coupure, séparation
(2) : du latin personna = masque

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20 mai 2005

Les sociétés de conseil renouent avec la croissance en 2004

Toutsurlacom.com - 19/05/2005
Les sociétés de conseil renouent avec la croissance en 2004
Les entreprises de conseil en management ont renoué avec la croissance en 2004, avec un chiffre d'affaires en hausse de 4,35%, selon le Syntec Conseil en Management. En 2003, le chiffre d'affaires de la profession avait baissé de 10%. Les effectifs ont progressé de 2,7% dans les 82 entreprises étudiées. Les secteurs qui contribuent le plus à la reprise sont la banque/assurances et l'industrie, qui représentent à eux deux 60% de l'activité.

Les sociétés de conseil en France, au total 243, ont enregistré en 2004 un chiffre d'affaires d'environ 4,2 milliards d'euros, réalisé à 90% en France, avec 23.700 salariés, selon Syntec.

19/05/2005 - CB News - Fouzia Kamal
17 mai 2005

Le Télégramme: un succès appuyé sur le pari de la qualité

voila.fr - 2005-05-17 21:11:29
Le Télégramme: un succès appuyé sur le pari de la qualité

Le Télégramme affiche depuis trois ans une santé remarquable au sein d'une presse quotidienne régionale en crise, grâce à un pari sur la qualité éditoriale, une proximité avec son lectorat et une modernisation qui lui ont permis de résister à son grand rival Ouest-France.

Pour la deuxième année consécutive, selon les chiffres publiés mardi par l'OJD, le quotidien morlaisien a enregistré en 2004 la plus forte croissance de la PQR en valeur absolue (+ 3.074 exemplaires), soit une progression de 1,6% dans un secteur affichant un recul global de 1,4%.

Avec quelque 200.000 exemplaires diffusés quotidiennement sur le Finistère et l'ouest des Côtes d'Armor et du Morbihan, le journal affiche le plus fort taux de pénétration de France (65%). Et 2005 "se présente assez bien", estime son Pdg Edouard Coudurier.

Les raisons de ce succès sont nombreuses.

"Nous avons depuis longtemps parié sur la qualité éditoriale. Le lecteur est de plus en plus exigeant", souligne M. Coudurier.

Cette recherche de la qualité est vitale pour un journal qui subit sur l'ensemble de sa zone de diffusion la concurrence de son grand voisin rennais Ouest-France, premier quotidien français par la diffusion (800.000 exemplaires).

Cette concurrence a longtemps été idéologique: Le Télégramme est l'héritier de la Dépêche de Brest créée en 1886 pour défendre les idées républicaines et laïques sur la "terre des prêtres" qu'était alors la Bretagne, alors qu'Ouest-France est issu d'Ouest-Eclair, quotidien conservateur et clérical fondé en 1899 par deux jeunes prêtres.

Ces clivages sont aujourd'hui dépassés, et c'est sur la qualité de l'information que se livre la bataille: "C'est cette concurrence qui a tiré le niveau de nos deux titres vers le haut", analyse Marcel Quiviger, rédacteur en chef du Télégramme.

Cela explique sans doute en partie, selon lui, que l'ouest breton soit la région de France où le taux de lecture d'un quotidien régional parmi la population de plus de 15 ans est le plus développé, selon une étude Ipsos de 2004: près de 70% dans le Finistère et autour de 62% dans le Morbihan et les Côtes d'Armor, pour une moyenne nationale de 37%.

Pour maintenir ce lien, Le Télégramme réalise de fréquentes études sur son lectorat.

La généralisation du portage a également permis au journal d'atteindre un taux de diffusion par abonnement de 75%, lui assurant une bonne visiblité financière.

Le Télégramme a enfin trouvé un nouveau souffle grâce à sa "révolution" de 1998/2002, marquée par le passage au format tabloïd, un changement complet de maquette, le lancement d'un quotidien du dimanche, l'arrivée de nouvelles rotatives, la mise en place de nouveaux moyens d'expédition et le rajeunissement de sa rédaction de 200 journalistes.

L'investissement a été de près de 30 millions d'euros. "La diffusion, qui avait tendance à s'éroder depuis dix ans, a repris sa progression dès le lancement de la nouvelle formule tabloïd en 2002", souligne M. Coudurier. Et le groupe affiche un bénéfice en hausse à 3,5 millions d'euros pour 2004.

Pour autant, la direction reste lucide sur la fragilité de ce succès, et cherche désormais à investir plutôt dans la publicité et les nouveaux média pour assurer la pérennité économique du journal.

© AFP.
17 mai 2005

Nouveau recul de la diffusion de la presse française (-0,5%) en 2004

voila.fr - 2005-05-17 16:56:19

Nouveau recul de la diffusion de la presse française (-0,5%) en 2004

La presse française a accusé un nouveau recul (-0,5%) de sa diffusion en 2004, cette baisse nettement moins accentuée que celle enregistrée l'an passé (- 1,13%) semblant toutefois marquer une stabilisation de son érosion, entamée en 2002.

Exactement 4.658.016.489 exemplaires ont été vendus en 2004, selon les chiffres rendus publics mardi par l'OJD (Office de justification de la Diffusion).

En presse quotidienne, le recul se poursuit avec - 1,17% en 2004, une baisse de la diffusion moins marquée que celle de la presse quotidienne régionale et départementale (- 1,39%), ou de la presse quotidienne du 7ème jour (- 0,64%).

La presse hebdomadaire régionale est en hausse de 1,13%.

La presse magazine, qui représente 45,1% des ventes en France, recule légèrement de 0,5%, avec des disparités selon les familles: la presse news progresse légèrement (+ 0,6%), mais beaucoup moins spectaculairement que la presse d'actualité générale, actualité judiciaire et société (+ 17,7%). La presse sportive retrouve du punch (+ 2,2%), comme les magazines de cuisine (+ 2,3%), informatique jeux-internet (+ 2,7%), masculins, mode et charme (+ 3,1%), people (+ 4,1%), jeux et mots croisés (8,9%).

Les féminins sont stables (+ 0,08%).

De son côté la presse télé, qui représente 42% des ventes de presse magazine et a connu en 2004 le lancement des "quinzomadaires", recule de 4,2%, comme celle du tourisme et voyages (- 5,2%), des adolescents, enseignement et pédagogie (- 6,6%).

La France compte 31.963 points de vente de presse.

Du quotidien régional Le Télégramme au magazine Cosmopolitan, en passant par les quotidiens L'Equipe et Aujourd'hui en France, ou le magazine Le Point, les titres de presse qui ont connu les plus fortes progressions en 2004, ont été récompensés mardi par les Etoiles de l'OJD 2005 décernées par l'OJD/Diffusion contrôle.

En presse quotidienne, le quotidien sportif L'Equipe avec +28.228 exemplaires, reçoit pour la deuxième année consécutive l'étoile de la presse quotidienne nationale. Sa diffusion France payée est en 2004 de 355.135 exemplaires.

Pour la presse quotidienne régionale et départementale, également pour la deuxième fois consécutive, Le Télégramme reçoit celle pour la progression en valeur absolue (+3.074 exemplaires) et La Dordogne libre celle en pourcentage (+3,31%).

Dimanche Ouest France est lauréat (comme en 2004) pour la presse quotidienne du 7e jour pour la 2e fois consécutive (+21.280 exemplaires).

En presse hebdomadaire régionale, La Manche libre (en valeur absolue, +1.452 exemplaires), également pour la deuxième année consécutive, et Le Patriote beaujolais (en pourcentage +29,4%) sont lauréats.

En presse magazine, l'hebdomadaire Le Point est distingué pour sa progression en valeur absolue (+17.614 exemplaires) et Micro Hebdo pour celle en pourcentage (+5,03%).

Le mensuel Cosmopolitan est récompensé pour sa progression en valeur absolue (+69.514 ex) et ADDX en pourcentage (+49,63%).

L'OJD distingue également la "constance dans le succès en valeur absolue", d'Aujourd'hui en France pour la presse quotidienne (+24.289 exemplaires), titre du groupe Amaury plusieurs fois récompensé pour cette constance, La Manche Libre (+4.062 exemplaires) en presse hebdomadaire régionale et Dossier familial (+193.826 exemplaires) en presse magazine.

Pour la presse technique et professionnelle, sont récompensés Le Monde informatique (en valeur absolue +6.197 exemplaires) et CHD Generation -L'Industrie hôtelière (en pourcentage +30,64%).

Windows news est salué pour sa "constance dans le succès en valeur absolue" (+14.806 exemplaires) et Matériel agricole en pourcentage (+39,77%).

© AFP.
30 mars 2005

Big brand is watching you

ToutSurLaCom - Me30mars2005
Big brand is watching you
Edito

Christian Blachas

Big Findus is watching you. Depuis quelques semaines, des caméras sont installées dans un certain nombre de foyers français (avec leur accord) et filment toutes les scènes inhérentes à la préparation du repas et au repas lui-même. Le directeur du marketing de Findus est content. Il a largement médiatisé cette initiative et les journaux ont complaisamment souligné le caractère révolutionnaire de cette méthode qui, pourtant, existe depuis longtemps aux USA dans le cadre, notamment, de « l’ethnologic research ». Il est doublement content, cet homme, car, à l’occasion, il a pu faire passer une nouvelle fois son message : cette mesure qualitative est devenue nécessaire car les sondages traditionnels ne reflètent plus la vérité, dans la mesure où le décalage est trop grand entre le déclaratif et la réalité des comportements. Une pierre de plus dans le jardin de Nestlé, ancien propriétaire de la marque Findus, qui, pendant des décennies, comme la plupart des marques de grande conso, a dépensé des millions d’euros en études de marché et honoraires d’instituts d’études. Son discours est d’autant plus crédible que Findus, depuis qu’elle a quitté l’orbite de Nestlé, se porte plutôt bien. Est-ce parce que le marketing de la nouvelle équipe est particulièrement performant ou parce que celui de l’ancienne était particulièrement nul ? Toujours est-il que cette version moderne du « focus group alive », sorte de « consumers loft story », pour attractive qu’elle soit, laisse perplexe par moments. J’en veux pour preuve le discours d’une des brand managers de la marque, entendu l’autre jour sur une grande radio. Cette brave dame raconte qu’elle a eu une révélation quasi divine en dérushant les scènes filmées : « En observant la famille X, on s’est rendu compte qu’ils mangeaient souvent des pizzas. N’avons-nous pas, dès lors, intérêt à commercialiser à nouveau des pizzas ? Et puis, a-t-elle ajouté, nous avons vu que, dans ces cas-là, ils n’utilisaient pas de vaisselle. C’était très instructif. » Bon sang, quelle découverte ! Cette nouvelle forme d’étude quali ne servirait-elle donc qu’à enfoncer des portes ouvertes et brasser des lapalissades ? Ne comblerait-elle même pas le fossé abyssal qui sépare certains services marketing de la réalité de leurs clients consommateurs ? Est-ce utile de déployer cet arsenal alors que le simple bon sens et la connaissance de son marché suffiraient à se faire une opinion ?

Je vous laisse libre de la réponse. En tout cas, cet exemple montre bien à quel point le marketing – comme nous l’affirmons régulièrement – pédale dans la semoule. Cette myopie des fabricants et des distributeurs, qui n’ont pas vu venir ni sentir l’évolution du consommateur nouveau, est une nouvelle fois dénoncée violemment par un nouvel ouvrage. Cette fois, c’est le « vieux » Chetochine qui s’y colle. Son livre « le Blues du consommateur » (voir p. 42) est un brûlot dénonçant tout aussi bien la cécité des annonceurs, le « cucu » marketing, la fracture médiatique…

L’initiative de Findus, pour gadgetisée qu’elle soit, a au moins le mérite de poser de bonnes questions sur la fiabilité actuelle des études marketing et sur le rôle « pervers » des instituts. Mais il y a un bémol : savez-vous qui travaille actuellement avec Findus sur cette opération de « consumer loft story » ? Une société d’études, Market Vision, précisément. Et, ça, Findus ne tient évidemment pas à le faire savoir.

CB News 29/03/2005 - Christian Blachas
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29 octobre 2004

L'avenir est à la segmentation des marchés

Les Echos du 29 octobre 2004

Marketing / une interview du sociologue bernard cathelat

L'avenir est à la segmentation des marchés

Fondateur du Centre de communication avancé, Bernard Cathelat met en avant la divergence des courants traversant la société, conduisant à segmenter les produits.

L'approche par socio-styles de vie, servant de grille d'analyse de la société, date d'une trentaine d'années. A l'heure où vous lancez l'édition 2005-2008 de l'Observatoire de tendances prospectives, ce modèle est-il toujours pertinent ?

L'approche consiste à aller plus loin que les critères socio-démographiques classiques, car on peut afficher le même âge, habiter au même endroit, disposer des mêmes revenus et ne pas avoir les mêmes arbitrages et priorités. Or, s'intéresser aux motivations, à la psychologie, est plus que jamais d'actualité. Le fait que le Centre de communication avancé ait survécu commercialement, alors qu'il n'est pas un organisme de chercheurs subventionné, et que les entreprises utilisent cette méthode pour essayer d'innover juste, au bon moment, suffit, à mon sens, à le prouver.

Comment voyez-vous l'évolution de la société ?

Elle évolue plus vite, de façon moins cohérente et prévisible qu'autrefois. La vision pessimiste de l'avenir, fondée sur un sentiment d'abandon de la qualité de vie pour tous, s'aggrave et touche désormais près de huit Français sur dix. Elle contraste d'ailleurs avec un relatif optimisme personnel qui tend à s'améliorer : deux personnes sur trois pensent tirer leur épingle du jeu dans les cinq ans à venir. Ce qui est nouveau, c'est que, après une période de repli sur soi, on constate aujourd'hui une dynamique d'adaptation au monde tel qu'il est. Autre phénomène marquant : la société n'est plus une banquise, mais se compose d'icebergs portés par des courants opposés.

Peut-on dire alors que c'est la fin des tendances ?

Auparavant, il existait toujours une tendance dominante à laquelle tout le monde se rattachait, en positif ou en négatif. Dans les années 1970, elle était à l'aventure avec une foi dans le progrès, une priorité donnée à l'épanouissement personnel. Les années 1980 ont été marquées par une tendance jouisseuse, sur le mode « profitons-en tant que cela dure », avec une con- sommation ostentatoire. La décennie 1990, la morosité s'est muée en résistance passive.

En revanche, aujourd'hui, le courant d'adaptation ne se traduit pas par une philosophie dominante, mais part dans toutes les directions. Il existe cinq logiques divergentes (NDLR : voir encadré) et aucune n'est majoritaire. L'un des groupes dit : « Mon bonheur, je le joue sur la vie familiale, amicale », tandis que, à l'opposé, l'autre veut survivre en tant que personne autonome, en faisant semblant quand il le faut et en gardant un jardin secret. Notre pronostic est que ces différences vont s'accentuer au fil des années.

Cette divergence des comportements représente-t-elle un danger ou une chance pour les marques ?

Malgré les contraintes, c'est intéressant pour le marketing et la communication. Le remodelage des modes de vie est une période où l'on remet à plat ses panoplies de comportement. Mais les entreprises ne doivent pas rater le coche. C'est le bon moment pour repenser les produits, les images de marque et la publicité face à ces nouveaux consommateurs.

Les entreprises vont-elles devoir revoir drastiquement leur approche marketing ?

Il ne va presque plus y avoir de marchés de masse, hormis pour quelques domaines très utilitaires. Dès qu'une marque vendra des produits à valeur ajoutée, elle se retrouvera face à des marchés très concurrents, contradictoires. Est-ce qu'on va pouvoir offrir à ces publics les mêmes produits avec le même design, sous la même marque et avec la même publicité ? Nous pensons que non. Une campagne qui dit « 80% des gens ont plébiscité ce produit » parlera à la partie de la population qui veut tout baliser car elle les rassurera. Mais elle fera fuir les 28 % d'électrons libres ou ceux qui veulent exister de façon spectaculaire. Un grand enjeu sera donc de passer du « mass market » à une vraie segmentation.

Mais la segmentation, n'est-ce pas ce que toutes les marques se targuent de faire ?

Il ne s'agit pas de la segmentation tout en nuances que l'on a surtout vue jusqu'à présent. Il ne suffit pas de se dire qu'il existe des gens aimant les shampooings aux fruits et d'autres préférant ceux qui ont une connotation pharmaceutique. Un excellent exemple se trouve dans le marché automobile. Les constructeurs ont senti qu'il fallait innover. Ils l'ont fait avec des philosophies contradictoires. Entre quelqu'un qui met de 38.000 à 45.000 euros dans une Mercedes Classique, celui qui investit la même somme dans un gros 4 X 4 et celui qui dépense autant dans un gros monospace, c'est le jour et la nuit.

Que préconisez-vous alors ?

Les entreprises, en particulier dans la grande consommation, ont l'occasion de passer au crible leur portefeuille de marques et de voir comment faire évoluer chaque ligne de produits vers un ou deux types de clientèle pour mieux s'assurer leur fidélité et, au passage, moins s'autoconcurrencer. Regardez L'Oréal. Aujourd'hui, la vocation de chaque marque du groupe est de toucher un peu tout le monde et le maximum de consommateurs, avec certes des nuances historiques. Mais, au fond, les lignes de produits ne sont pas affectées à des publics précis, même s'il y a un peu de segmentation.

Cela ne présente-t-il pas un risque ?

Segmenter, c'est choisir, donc cela signifie qu'il existe toujours un risque. Mais, tout en continuant à penser à un marketing mondial, il va sans doute falloir se dire que nous n'allons pas vers un consommateur unique, moyen, dans les pays industrialisés. En outre, à moyen et long terme, la démarche peut représenter une économie. Au lieu de tous acheter de l'espace publicitaire au prix fort pour passer à la télévision à 20 h 30, on peut diffuser des spots à d'autres moments. En ciblant une ou deux familles de clientèle, la marque gagne en cohérence et n'est plus tentée de changer de positionnement tous les ans ou tous les deux ans, ce qui représente un gaspillage énorme. J'ai assez bon espoir que, pour des raisons de rentabilité, les grandes entreprises mettent la segmentation marketing plus en pratique qu'aujourd'hui.

PROPOS RECUEILLIS PAR CLOTILDE BRIARD

Les grandes prospectives de vie 2005-2008 vues par le CCA
Etre soi, ou l'électron libre : 28 % des Français
Insaisissables, ils jouent les caméléons en découpant leur vie en tranches et en cachant leur vraie personnalité. Dans certains cas, ils prendront le produit minimum, dans d'autres, où ils se sentent motivés, ils opteront pour le haut de gamme.

Profiter, ou la résistance matérialiste : 23 %
Ils ne souhaitent pas s'adapter mais s'enferment pour se défendre et veulent profiter de chaque plaisir quotidien, de façon matérialiste. C'est un groupe porteur pour la consommation, en particulier pour ce qui concerne le foyer.

Exister, ou la « médiamorphose » : 21 %
Face à une vie qui n'a pas de sens, il faut être star ou rien, dans la lignée de la téléréalité. Pas très riches, ce sont des jeunes mais ils vont vieillir. Impulsifs et infidèles, ils aiment les produits qui se voient et ont une consommation ostentatoire.

Etre juste, ou le réarmement dogmatique : 16 %
Ces conservateurs représentaient autrefois plutôt 5 à 6 % de la population. Ils ont un fort pouvoir financier, sont attirés par les marques qui ont certes un savoir-faire historique, mais surtout une éthique, et savent raconter leur philosophie.

Baliser, ou le formatage : 12 %
Face à un monde compliqué, ils se montrent calculateurs. Très exigeants, ils comparent, lisent les textes techniques et les informations sur les emballages. Ils apprécient les produits qui ont fait leurs preuves, demandent des garanties et de l'assistance.

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